J'étais en retard

J'étais en retard, je me pressai. Loin de ma zénitude habituelle, je courrai pour me rendre à la kermesse du village. Celle-ci était organisée en soutien à la communauté inuit décimée par une épidémie rare pour un continent ou le froid intense repousse toute sorte de virus. Quelques jours auparavant, j'étais tombé sur un wiki éclairant mon ignorance sur le drame de ce peuple. Un amalgame de sentiments étranges envers un monde lointain dont je découvrais l'existence m'avait poussé à cibler cette journée plutôt que de me rendre à la fête un peu kitsch que ma famille avait prévue pour fêter les 80 ans de tante Alice. De toute façon, cette dernière me faisait toujours un peu peur quand je me rendais dans sa vieille demeure remplie de gris-gris africains rassemblés au cours d'une vie trépidante passée auprès de communautés aussi étranges que celle qui m'attirait aujourd'hui. Quelle ne fut pas ma surprise que l'événement auquel je me rendais n'était autre que la fête que j'avais voulu éviter. Bravo! Dans une sorte de sérendipité déguisée, on avait attisée ma curiosité par le biais d'un blog monté de toutes pièces pour m'obliger à rendre hommage à tante Alice. Honteux, je l'embrassai tendrement tout en pensant à ces communautés lointaines dont l'infortune est souvent éloignée de nos préoccupations. Rendre hommage à la langue française ne nous empêche pas de méditer au sort des peuples qui souffrent.


Caroline Chabanon, Ecole française de Lausanne-Valmont