Le mot du parrain Carlos Henriquez




Cette année, la SLFF a la chance
d'être parrainée par l'humoriste
Carlos Henriquez.
Brassant français et switzerdütsch
avec humour, il incarne
une langue vivante,
une langue en folies.
Son nouveau  spectacle,
I BI NÜT VO HIE , est à voir
pendant la 19e SLFF!

Voir ici l'entretien qu'il a accordé
à Aux arts etc...
 
aaaa A Las Palmas de Gran Canarias et à Escholzmatt im Entlebuch, on est sidéré : Carlos Henriquez, le «  demi-segundos » moitié espagnol, moitié suisse allemand est appelé à être le parrain de la 19e SLFF ! On aura tout vu !
Comble du paradoxe, on me demande de parrainer la Langue Française alors que j’ai justement choisi de lui être infidèle. Comme une dame qui me demanderait de l’épouser le jour où j’emménage chez la voisine.
Oui, je trompe outrageusement le français avec le dialecte suisse allemand, pour enjamber sans vergogne la Sarine et proposer mon spectacle « I bi nüt vo hie » à mes compatriotes germanophones.
Pas le Bärndütsch, ni le Lozärnerdütsch, mais le Carloserdütsch : un mélange entre biennois, bernois, lucernois, Hochdütsch, espagnol, français et des mots que je pioche çà et là.
Ma langue à moi. Une « Langue en folies », c’est le thème de la SLFF cette année.

La langue est folle ! Elle est libre, rebelle, sauvage. Elle évolue malgré l’opposition de certains rétrogrades qui aimeraient la figer. Oh ! Pas seulement des vieillards tristes, finissant de sécher à l’Académie française, dans des vêtements qui ne rendent guère jaloux que les enfants qui jouent aux mousquetaires. Non. Tout le monde ! A commencer par moi !
Je me suis battu pour que ma mère, ä dütschschwizerin, utilise « après que » suivi de l’indicatif. Moi, intégriste de la Langue Française, alors que, sur mes papiers, rien n’indique qu’une légitime goutte de sang francophone circule dans mes veines !!!
J’ai changé depuis. J’ai traversé le Röstigraben en véhiculant une langue pseudo-suisse allemande remplie d’à-peu-près. C’est le principe même de ma démarche : parler faux plutôt que se taire correctement. Je propose une langue que les gens viennent tenter de comprendre dans les théâtres, plutôt que de rester au chaud devant leur écran de télévision.

La langue est vivante. Elle s’échange. A la sortie du spectacle, c’est à mon tour d’écouter les gens qui s’efforcent de parler français, pour me faire plaisir, souvent beaucoup plus qu’ils ne croient. Comme ce spectateur bernois qui m’a dit un jour : « Ce soir, grâce à votre spectacle, j’ai bien joui ! ».

La langue évolue, pour notre plus grand bonheur.

Bonne SLFF à toutes et à tous.

Carlos Henriquez